Moi c'est Arté/Damned, ou Agathe. Je m'amuse follement et je meurs de hâte de jouer avec Wendell, mais pour ça il fallait bien que je fasse sa fiche un jour. Je suis admin ici et je m'y plais franchement bien
Et Kev, si tu trolles ma fiche, j'te bouffe le nez

Assis sur le bord de la péniche qu'il possédait depuis maintenant une vingtaine d'années, Wendell sirotait un grog. Tsura était allongée à ses pieds, la tête entre les pattes. Ils étaient tous les deux malades, fatigués, et pas forcément très vifs d'esprit. Loin de se douter que leur mal-être était lié au fait que Wendell n'était pas retourné dans Odin depuis près de quinze ans, ils pensaient que c'était le mauvais temps du Grand Nord qui les avaient affaiblis. L'air du petit matin était frais, et la brume s'était envolée depuis plusieurs heures. La péniche de Wendell était attachée à un quai du port de Londres. Don Delavega était parti dans le Cinquecento depuis un petit bout de temps, après la réunion capitale qui avait eu lieu dans le Grand Nord, et Wendell se retrouvait bien seul. Tsura ne parlait plus beaucoup depuis quelques temps, et à chaque fois qu'elle l'ouvrait c'était pour sortir une remarque cinglante. Ça n'était pas que Wendell et Tsura étaient fâchés, simplement qu'ils étaient las, fatigués, et pas vraiment patients. Et pourtant, ils vivaient ensemble depuis près de quarante années, alors il fallait bien qu'ils arrivent à s'entendre. « Il fait encore plus froid qu'à Trollesund, on dirait. Tu crois que si je secouais la plume que l'autre m'a donné, ça me réchaufferait ? - Je crois que ça avancerait pas beaucoup les choses. » La tête du dæmon retombe entre ses pattes de nouveau, après un râle. « À quoi ça sert d'avoir un moyen d'appeler un dæmon de sorcière alors ? - Mais ça marche vraiment ? J'pensais que c'était simplement une décoration à… comment t'avais si gracieusement dit déjà ? Ah oui, "à te planter dans le cul". Très classe. - Ta bouche, sale humain. » Le gros rire de Wendell se transforma rapidement en quinte de toux. « Rentrons, j'ai l'impression de me congeler sur place. » Ils se relevèrent d'un seul mouvement, lui tenant la couverture qu'il avait posé sur ses genoux, elle poussa la porte de son museau. Rentrant dans la cabine de la péniche, ils retrouvèrent une atmosphère beaucoup plus chaude. Le petit matin avait ça de bon que la chaleur accumulée toute la nuit restait encore dans la cabine.

Se laissant tomber dans le fauteuil fait à sa corpulence avec les âges, Wendell sortit sa pipe de sa poche et l'alluma après avoir vérifié qu'il y avait du tabac dedans. Tsura, elle, grimpa sur la couchette et s'allongea sur le flanc droit, tout en regardant Wendell. Autour d'eux, la lumière de l'aube commençait à poindre par la fenêtre et à rendre de plus en plus clair l'intérieur de la cabine. Des cartes tapissaient les murs de l'intérieur de la péniche, des objets jonchaient le sol, dans un coin de la pièce. Des photos jaunies dépassaient d'une boîte en fer mal fermée, la qualité laissait fortement à désirer, mais c'était normal vu qu'on était en 1857 et que la photographie était loin d'avoir atteint la perfection. Il avait parfois du mal à percuter qu'il était en 1857, dans un monde qui n'était pas le sien. Normalement, on aurait dû être en 1984, et tout aurait été bien. Sauf qu'il n'aurait peut-être pas encore été en vie à ce moment. Songeur, il souffla la fumée qu'il avait aspirée. Tsura le regardait, elle aurait perdue dans des pensées qu'ils partageaient. « Tu sais, tu n'aurais rien pu faire… - J'aurais pu essayer. Tu me rappelles Bojana, des fois. - Je sais. Tu ne me voyais pas encore, mais j'ai tes souvenirs. » Ils s'enfoncèrent dans le mutisme de nouveau, perdus dans des souvenirs d'une enfance très loin maintenant. Le voyage de retour de Trollesund à Londres avait été long et éprouvant, surtout dans une petite péniche qui n'avait pas l'habitude de faire un voyage pareil. L'odeur de tabac commençait à envahir la cabine, la lumière du jour se faisait toujours de plus en plus claire et la buée aux vitres s'estompait lentement.

« J'ai envie d'une bière. - À une heure pareille ? On dirait Holmström. - On croirait entendre son dæmon. » Tsura se redressa d'un coup, piquée au vif par l'insulte. « Je n'ai strictement rien à voir avec ce gros balourd de Pantagruel ! » Wendell ricana et manqua de s'étouffer avec la fumée de sa pipe. Il aspira de travers et fut pris d'une quinte de toux redoutable qui aurait pu lui décrocher les poumons, ou presque. Une fois qu'il eut repris son souffle, il se releva et passa un énième manteau sur ses nombreuses couches de vêtements. « Allez viens, avec un peu de chance, il y aura quelqu'un d'intéressant à la taverne. - Tu me désespères, vieux fou. - Allez, allez, en route. » Ils quittèrent la péniche, montèrent sur le quai, et avancèrent lentement en direction d'un bouge mal famé, de ceux sur les docks qu'ils préféraient. Wendell vacilla un peu, mais il réussit à se rétablir, non sans un soupir courroucé de Tsura qui lui disait depuis plusieurs jours qu'il devait se trouver une canne pour patauger dans ce mélange de fange et de neige fondue. Qu'importe. La vie était faite d'imprévus, s'il devait se casser la jambe, eh bien ça lui ferait quelque chose à raconter ! De toute façon, le passage à la taverne permettait à Wendell de savoir un peu ce qu'il se racontait de beau en Britannie. Pas qu'il se souciait de la santé du bon roi Tristan XVI, non. Il voulait simplement s'assurer qu'il n'y avait pas d'événements majeurs ou de nouvelles lois passées par le Magisterium qui auraient restreint sa liberté de voyager. Vivement que Santiago revienne, histoire qu'ils puissent repartir en exploration. Il faudrait peut-être qu'il tente de contacter Thormund, au cas où il était encore accessible… Bah, il verrait bien. Il se faisait vieux, et il se sentait fatigué, mais dès le matin, il refusait comme toujours de le reconnaître. Le voyage, il n'y avait que cela de vrai.